Situé au sud-ouest de la Guadeloupe ce petit archipel
reçut le nom de Los Santos par Christophe Colomb, en l'honneur
de la fête de la Toussaint.
Les Saintes, distantes d'une dizaine de kilomètres de la
Basse-Terre, sont composées de deux îles principales,
d'une superficie de 14 km²; Terre-de-Haut et Terre-de-Bas, et
de six îlets: l'îlet à Cabrit, le Grand-Ilet,
les îlets de la Coche, des Augustins, de la Redonde et le
Rocher-du-Pâté. Seules les îles principales
sont habitées, avec une population de 2998 habitants.
Malgré leur faible étendue, les Saintes sont très
accidentées avec pour point culminant le Chameau à
309 m.
De ce point de vue, on domine une des plus belles baie, "la
baie des Saintes", classée par l'Unesco. Elle est
considérée comme l'une des plus belles au monde.
Elle constitue en tout cas un lieu de mouillage très sûr
qui la rend très populaire auprès des plaisanciers
du monde entier.
Le climat y est sec et salubre, et la température élevée.
Terre-de-Haut, avec ses maisons aux toits rouges, ses commerces,
ses restaurants et cafés concentrés lui donnent
un air de village de poupées.
Ici se rassemble la quasi-totalité de la population saintoise,
une population au teint clair d'origine bretonne et poitevine.
En effet, la canne ne poussant pas sur leur sol aride, ils n'eurent
pas recours aux esclaves.
Ce peuple de pêcheurs compte parmi les meilleurs charpentiers
de marine, réputés pour la qualité de leurs
bateaux, les fameuses saintoises, qui pouvaient mesurer jusqu'à
20 m de long.
Histoire :
Au 9ème siècle : Les Arawaks
occupent la Guadeloupe avant d'en être chassés par
les indiens Caraïbes.
4 novembre 1493 : Un jour de Toussaint.
Christophe Colomb, dont c'est le voyage vers l'Amérique,
débarque sur aux Saintes. Avec tant d'îles à
baptiser, il leur donne le nom du jour "Los Santos".
1523 : Les Espagnols tentent à plusieurs
reprises de s'installer sur le sol saintois qu'ils abandonnent
en définitive aux colons français et anglais, pour
investir les Grandes Antilles, puis plus tard, le continent sud-américain,
prometteur de plus grandes richesses.
1648 : Occupation des Saintes le 18 octobre
par le Sire du Mé à la tête d'une trentaine
d'hommes afin de les soustraire aux Anglais sur une requête
du gouverneur Charles Houel.
1649 : Le 4 septembre Charles Houel achète
la Guadeloupe et les Saintes et fonde la Compagnie des îles
d'Amérique. La sécheresse excessive de Terre-de-Haut
contraint les colons à abandonner le petit archipel durant
trois ans.
1652 : Conduits par Hazier du Buisson,
les Français reviennent aux Saintes et entreprennent les
premières mises en culture de Terre-de-Haut et, surtout,
de Terre-de-Bas bien plus propice par son climat plus humide,
à l'agriculture.
1653 : Les indiens Caraïbes massacrent
les colons français de Marie-Galante. Le capitaine du Mé
accomplit alors une expédition punitive à la Dominique,
le fief des Caraïbes qui, par représailles assaillent
ensuite les Saintes. Ce raid vengeur est repoussé par les
hommes du Comte de l'Étoile.
1658 : Les Caraïbes sont définitivement
dépossédés de leurs terres pour faciliter
l'installation de colons français. Le développement
agricole est facilité par la mise en place du commerce
triangulaire qui permettait l'importation d'esclaves destinés
aux plantations de bananes et de cannes à sucre.
1664 : Colbert dissout la "Compagnie
des Îles d'Amérique" et rachète la Guadeloupe
et ses dépendances pour le Roi.
1666 : C'est l'année des premières
hostilités franco-anglaises pour la possession des Saintes
considérées alors comme le "Gibraltar des Indes
occidentales". Le 4 août les Anglais attaquent mais
un cyclone détruit quelques vaisseaux de la flotte britannique.
Une troupe tente alors de s'implanter sur le rocher. DuLion et
Desmeuriers s'allient aux Caraïbes de la Dominique pour déloger
les Anglais de Terre-de-Haut et les forcent à se rendre
le 15 août.
1674 : Avec la Guadeloupe dont elles sont
dépendantes, les Saintes sont annexées au domaine
royal.
1680 : Plus aptes à l'agriculture,
on observe sur les flancs de Terre-de-Bas un plus grand peuplement.
1691 : Le flibustier gouverneur de Saint-Domingue,
Jean-Baptiste Ducasse, délivre la Guadeloupe de l'étreinte
des Anglais et les chasse hors de la zone de colonisation française
jusqu'à la Barbade au sud de l'arc antillais.
1759 : Les Anglais reprennent le contrôle
de la Guadeloupe jusqu'en 1763, date de signature du Traité
de Paris. La France, reconnaissant la supériorité
maritime des britanniques, concède le Canada en échange
des dépendances antillaises.
1777 : Le gouvernement de Louis XVI ordonne
la mise en chantier de Fort Louis et de Fort la Reine.
1782 : Le 12 avril, au terme d'une bataille
navale mémorable dans le canal des Saintes, la flotte française
est anéantie par l'Armada de sir Georges Brydges Rodney,
vice-amiral d'Angleterre. La bataille opposa les Français,
leurs 31 navires et 2558 canons aux Anglais, leurs 36 vaisseaux
et 2640 canons. Cette défaite française est gravée
dans l'histoire sous le nom de "Bataille des Saintes".
Au terme de cette victoire navale la couronne britannique restera
pratiquement maître des lieux pendant vingt ans.
1794 : Le 9 avril les britanniques s'installent
aux Saintes et construisent un pénitencier avant que le
sanguinaire sans-culotte Victor Huges ne les en chasse provisoirement.
Durant une quinzaine d'années, la chasse aux Anglais dans
les Petites Antilles est la principale préoccupation des
corsaires français, républicains, puis bonapartistes.
1802 : Les Anglais cèdent à
la pression des raids français et fuient la terre saintoise.
1809 : Le 14 avril tandis que les britanniques
reprennent possession des Saintes, Jean Calo -jeune engagé
breton- et deux compagnons, Cointre et Solitaire, réussirent
à faire s'échapper trois vaisseaux français
de la rade de Terre-de-Haut alors bloquée par la flotte
anglaise par la passe de la "baleine". Malgré
cet exploit les Saintois capitulent et l'archipel retombe sous
la domination britannique.
1814 : Le 30 mai le Traité de Paris
rend la Guadeloupe à la France mais les Français
ne reviendront aux Saintes que le 10 décembre de cette
année.
1815 : Le 6 juillet pour quelques semaines,
l'archipel des Saintes retombe aux mains des Anglais.
1816 : Les Saintes passent définitivement
sous la tutelle française.
1822 : La Néréide aborde
les Saintes et fait campagne à Terre-de-Haut. Le chevalier
de Fréminville rencontre la jolie Caroline. La mort de
la jeune fille -elle s'est noyée par amour- inscrit la
légende plus dans les manuscrits de l'époque que
dans la mémoire des Saintois.
1825 : Le 26 août un cyclone dévaste
le Sud de la Guadeloupe et les Saintes. Prés de milles
cases -habitations légères de bois- et maisons sont
notamment abattues à Saint-Claude, sur la Basse Terre.
1844 : Afin de garantir la protection de
la rade contre un éventuel retour des britanniques, la
fortification de l'archipel des Saintes est remise à l'ordre
du jour.
Les travaux du Fort Napoléon sont repris après trois
années d'étude et seront achevés en 1867.
1851 : Un pénitencier militaire
est édifié sur l'îlet à Cabrit
1856 : Une prison de femmes est construite
aux Saintes.
1865 : Le 6 septembre un ouragan passe
sur l'îlet à Cabrit et dévaste le pénitencier.
1871 : L'îlet à Cabrit se
voit converti en lieu de quarantaine. Un lazaret y est construit
afin d'accueillir les immigrés en provenance des comptoirs
français des Indes, Chandernagor et Pondichéry.
1882 : Le 9 août, Terre-de-Bas est
érigée en commune et devient la deuxième
de l'archipel. 1889. L'état major français retire
sa garnison des Saintes.
1890 : La Compagnie de Discipline abandonne
également les hauteurs isolées de Terre-de-Haut
et de l'îlet à Cabrit
1902 : Le pénitencier est désormais
livré aux cactus et aux iguanes.
1903 : Le médecin de marine, payé
auparavant sur le budget local, quitte à son tour Terre-de-Haut.
La rade des Saintes perd définitivement sa vocation stratégique
mais, pour honorer son histoire, bon nombre de bâtiments
de la Marine Nationale mouilleront durant le siècle à
Terre-de-Haut.
1906 : Lors de son tour du monde, le célèbre
croiseur "Duguay-Trouin" fait escale aux Saintes et
y accomplit des manoeuvres. Le navire école la "Jeanne
D'Arc" mouillera traditionnellement chaque année aux
Saintes.
1928 : Un cyclone meurtrier dévaste
la Guadeloupe et met à mal Terre-de-Haut. La mairie de
bois cède à la tourmente et laisse s'envoler bon
nombre des archives administratives des Saintes.
1934 : Les Saintes entrent dans l'ère
du tourisme et voient se multiplier les résidences secondaires
du "continent" Guadeloupe.
1940 : La France est occupée par
les Allemands, et Terre-de-Haut devient la plaque tournante de
la dissidence antillaise vers l'Amérique et l'Angleterre.
Quelques Saintois s'embarquent clandestinement pour rejoindre
les F.F.L. du Général de Gaulle. Le gouvernement
pétainiste de l'amiral Robert fait interner les Gaullistes
dans les geôles du Fort Napoléon.
1946 : La loi de départementalisation
accorde le statut de département français à
la Guadeloupe et à ses dépendances. Les Saintes
tirent profit de ce nouveau statut.
1966 : La piste de l'aérodrome est
construite à l'emplacement comblé de l'étang
Benclus.
1969 : Le premier hôtel est construit
sur le flanc Nord du Morne à Cointre. C'est le "Bois
Joli" qui porte encore à ce jour, ce nom. Jusqu'en
1974, date à laquelle sera construite la route d'accès,
les amoureux de plage et de solitude rejoignaient cet hôtel
uniquement par bateau.
1972 : Une usine de dessalement s'installe
à Terre-de-Haut. Elle n'est plus en état de fonctionnement
aujourd'hui.
1974 : Le patrimoine historique des Saintes
est mis en valeur par une poignée de bénévoles.
Le Fort Napoléon retrouve notamment une nouvelle jeunesse
sous l'impulsion du "club du vieux manoir". Depuis lors,
il accueille un nombre toujours croissant de visiteurs et devient
rapidement le premier pôle touristique et culturel de l'archipel
(plus de 130.000 entrées payantes ont été
enregistrées en 2000). Par ailleurs, un syndicat d'initiative
est créé à Terre-de-Haut.
1984 : Les Jardins botaniques de Monaco
et de Nancy parrainent la naissance d'un Jardin Exotique sur les
remparts du Fort Napoléon. Dans le cadre de l'opération
"La Route des Fleurs", Terre-de-Haut est jumelé
avec la ville de Baccarat, célèbre dans le monde
entier pour ses cristalleries depuis le XVIllème siècle.
1990 : Les efforts soutenus de la municipalité
et de l'ensemble de la population saintoise à la préservation
de leur patrimoine, est récompensé par l'Oscar de
l'Environnement.
2000 : Le cap des 300.000 visiteurs/an
aux Saintes est franchi.
A voir. A faire